Comment personnaliser un individu ? En lui donnant un nom. Aucun pays ou régime n’accepte aujourd’hui un homme sans nom. Jadis, ce nom fut basé sur des caractéristiques propres à l’individu. Puis les noms de baptême devinrent le véritable nom de famille. Il fut complété par un surnom au XIe siècle. Au XVIe siècle, chaque individu se vit octroyer un nom et un prénom. Puis dans les campagnes, on affubla certaines personnes d’un sobriquet.

Origine des noms

Le nom reçu au baptême indiquait un attachement à la famille catholique, assurait la transmission et identifiait la lignée. Au XIe siècle, le surnom était basé sur le lieu de résidence ou sur le métier et s’attachait pour la vie à la personne. Le surnom devint héréditaire vers le XIIe siècle pour les familles nobles et au XIIIe siècle pour les gens du peuple. Il devint indispensable pour distinguer une personne parmi d’autres. Ce fut le cas lors d’un festin en 1171 à Bayeux où se retrouvèrent 110 chevaliers ayant Guillaume comme nom de baptême ! Le surnom devint le « nom », ainsi on trouve une personne ayant le nom de Jehan avec le surnom de Mesnil (habitant près du moulin) qui deviendra Jehan du Mesnil ; en France beaucoup de Dupont qui habitait près d’un pont ou Dubois (originaire des bois), Boulanger, Meunier, de Moulin, etc.

1066, couronnement, Guillaume le Conquérant, noël, roi, tapisserie de Bayeux, Westminster

En 1539, l’ordonnance de Villers-Cotterêts confie à l’église la charge des registres des naissances et des décès. L’enfant doit recevoir le nom d’un saint qui est censé lui servir de modèle. Au XVIIe siècle apparait le deuxième prénom pour les enfants dans les milieux citadins aisés et se développe dans la seconde moitié du siècle suivant.

Les noms de famille à la Révolution

Lors de la mise en place de l’État Civil, certains citoyens se sont alors défoulés, refusant les saints et donnèrent des prénoms de fleurs, ou de héros républicains tels que Liberté, Egalité, Floréal, Brumaire etc.

Dans l’état civil de Longjumeau de 1793, un père choisit comme prénom pour son fils « Marat-le-triomphe-des-sans-culottes » !! Au cours du XIXe siècle, de nombreux prénoms issus de la Révolution apparaissent : Kléber, Marceau, Églantine.

Une image contenant texte, photo, posant, mur Description générée avec un niveau de confiance très élevéQu’est -ce qu’un sobriquet ?

C’est un surnom familier souvent moqueur. Jadis, les gens du peuple n’étaient connus que par un sobriquet, les familles se déplaçaient peu, vivaient et grandissaient dans le même village et portaient le même nom de famille. À la Ville Du Bois, au XVIIIe siècle, les familles Rousseau et Robin sont très courantes dans les registres paroissiaux ; au siècle dernier on trouve dans la famille Dauphin deux frères avec des prénoms distinctifs qui possédaient des sobriquets. Le premier « l’hareng » et le deuxième « Lapette ». Nous n’en connaissons pas l’origine, faut-il chercher dans leur enfance lors de friction dans la cour d’école ?

La genèse d’un sobriquet

Dans un village près de Longjumeau, nous avons rencontré un monsieur distingué qui nous a confié que son sobriquet était « la Rosse ». Il nous expliqua que, lors de son enfance, il avait donné un coup de pied raide et violent à un grand qui le menaçait. Ce coup de pied, équivalant, à la campagne, à celui d’un mauvais cheval, lui avait valu ce surnom qu’il a porté toute sa vie. Pour d’autres personnes, les sobriquets n’étaient employés que dans le quartier et parfois à leur insu. Nous les découvrons dans les récits des anciens : Crane de piaf, Noenoeil, Pot de Colle, le Rouquin etc.

Les sobriquets dans les registres

Dans les registres d’État civil de Longjumeau, il nous est arrivé de trouver un nom de famille suivi de la mention « dit », nous avons plusieurs exemples :

François Boineaux dit Chanlong

Denis Charpentier dit Lunel

Jacques Jehenne dit Valcour

Pierre Rousseaux dit La Bricole

Dans la bande d’Orgères qui terrorisa la Beauce vers 1800, la plupart des malfrats avaient un sobriquet : François Ringuette dit « Le Rouge d’Auneau », Beaumont Pierre « Longjumeau », Bouscant « le borgne de Jouy »

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La « bande d’Orgères », une véritable tribu de voyous et d’assassins, qui ont terrifié la Beauce à la fin du XVIIIe siècle

Très souvent les habitants des villages avaient un surnom. Ainsi les gens d’Antony étaient appelés « les traines binettes », ceux d’Arpajon « les innocents », ceux de Ballainvilliers « les ratapoils », ceux de Champlan « les mangeux d’âne », ceux de Villejust « les culbutants », et ceux de Wissous « les picoteux ».

Les habitants des grandes villes aussi ont leur surnom : à Reims « les cornichons » et dans la Meuse le « goujon ».

Publié le 1er avril 2018 par Renaissance et Culture Longjumeau